Barrick Gold Corp. : une hausse fulgurante sur fond de bouleversements stratégiques

Depuis trois mois, l’action Barrick Gold Corp. attire tous les regards sur les marchés mondiaux. Avec une progression impressionnante d’environ 53 % sur la période, la société canadienne surfe sur une vague haussière qui interpelle. Cette explosion du cours, qui a mené l’action à une zone de plus hauts historiques avoisinant les 54 dollars canadiens courant novembre, n’est pas qu'une question de métal jaune : dynamique sectorielle, mouvements de fonds majeurs, rumeurs et nouvelles stratégiques sont venus électriser le titre. La correction de quelques pourcents sur les toutes dernières séances n’aura pas suffi à estomper cette performance, même si certains observateurs se demandent : assiste-t-on à une simple pause, ou à l’amorce d’un cycle transformateur plus vaste pour Barrick Gold Corp. ?

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Si l'on remonte au début septembre, le titre pointait sous les 34 dollars canadiens avant d’enchaîner rallye sur rallye. Un point d’inflexion s’est dessiné en octobre, lorsque les craintes macroéconomiques (ralentissement mondial, incertitudes sur les taux) ont paradoxalement stimulé la quête de valeurs refuge. Le secteur des Goldmines et l’ensemble des sociétés du segment matières premières précieuses bénéficient alors d’un important afflux de capitaux. Barrick Gold Corp., solidement positionnée, voit ses volumes d’échanges gonfler et le titre s’envole, bien au-delà de la performance moyenne du secteur.

Mais c'est la deuxième quinzaine de novembre qui a véritablement rebattu les cartes. Le 18 novembre, la presse canadienne et anglo-saxonne rapporte que le fonds activiste Elliott Management est monté au capital, évoquant ouvertement la possibilité d’une scission stratégique du groupe. Cet événement, accueilli positivement par le marché, soulève autant d’excitation que de spéculations sur l’avenir de la Corporation. Le lendemain, l’arrivée du premier ETF à effet de levier 2x basé sur le titre propulse un peu plus l'action sous le feu des projecteurs, bien que la volatilité s'accentue.

À peine ces développements digérés, les analystes réitèrent leur confiance : RBC réaffirme sa recommandation « surperformance » avec un objectif à 40 dollars US, tandis que Stifel maintient son prix cible à 65 dollars canadiens (novembre 17 et 11, respectivement). Les investisseurs semblent valider la trajectoire, mais restent attentifs aux moindres signaux de retournement. À noter tout de même une légère correction sur la toute fin de période (-4,3 % le 20 novembre), dans la foulée d'un mouvement de repli sur l'ensemble du secteur des matériaux, dicté par une aversion au risque généralisée face aux incertitudes macroéconomiques mondiales.

Au-delà du parcours boursier, Barrick Gold Corp. incarne l’un des piliers mondiaux dans la production d’or et de cuivre. Le groupe, établi au Canada, détient des intérêts dans des Goldmines réparties sur plusieurs continents : Argentine, Canada, Côte d’Ivoire, République démocratique du Congo, République dominicaine, Mali, Tanzanie ou encore États-Unis. Côté cuivre, les participations s’étendent au Chili, à l’Arabie Saoudite et à la Zambie. Ce maillage global fait de Barrick Gold Corp. un acteur incontournable, capable de jongler avec les variations de la demande et de répondre à la volatilité du marché des matières premières.

Le cœur du modèle économique repose sur la production et la vente des deux métaux, mais englobe aussi l’exploration et le développement minier. Les principales opérations — Nevada Gold Mines, Bulyanhulu, Hemlo, Lumwana, Pueblo Viejo, entre autres — génèrent les flux majeurs, avec la région Afrique qui occupe désormais une place stratégique, comme en témoigne le record de free cash-flow du troisième trimestre 2025 (1,5 milliard de dollars porté par la montée en puissance des sites africains).

Barrick Gold Corp. n’a jamais cessé de se transformer. Après des années de consolidation, le groupe multiplie les initiatives pour renforcer sa rentabilité et sa gouvernance, tout en misant sur la diversification géographique pour limiter les risques politiques et géologiques. La récente implication d’Elliott Management pourrait d’ailleurs précipiter la réflexion autour d’une organisation plus agile, pourquoi pas à travers une séparation entre or et cuivre, hypothèse qui ressurgit dans la communauté des investisseurs. Certains spécialistes estiment que cela permettrait de mieux valoriser chaque activité et d’attirer des profils d’actionnaires distincts.

Mais des défis subsistent. Les risques restent ceux inhérents aux secteurs extractifs : réglementation mouvante, enjeux ESG croissants, volatilité des cours mondiaux et exposition politique (notamment sur les actifs africains ou pakistanais). Après le règlement de certains litiges majeurs au Pakistan cet automne, Barrick Gold Corp. semble cependant avoir renforcé sa position institutionnelle.

Pour la suite, plusieurs questions cristallisent l’attention. La vigueur de la demande d’or, la capacité du groupe à maintenir ses marges dans un contexte inflationniste, ainsi que la poursuite ou non des initiatives stratégiques sous la pression d’actionnaires activistes, seront scrutées de près. Du point de vue fondamental comme technique, Barrick Gold Corp. se trouve à un moment charnière, prêt à arbitrer entre croissance, rentabilité et transformation. Suivre l’évolution du cours et les prochaines annonces s’annonce palpitant pour toute la communauté financière.

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